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Bonjour, Bon appétit, ou Bonsoir, je suis Fabrice De Backer

J’ai appris que …

Il y a environ 190.000 noms de famille en Belgique, et 10 millions d’habitants, soit un nom de famille pour 53 personnes.

Notre pays compte parmi les taux de patronymes les plus élevés au monde, loin devant la Chine. Il existe plusieurs types de noms de famille, qu’on appelle des « patronymes » quand on veut utiliser le terme adéquat, et beaucoup d’entre eux sont dérivés de prénoms.

Héritage millénnaire des nos ancêtres, Néolithiques, Gaulois ou Romains, le patronyme dérive parfois du nom du père, de la mère, ou de l’aïeul commun, associé à un terme signifiant la filiation.

Par chez nous, cela peut être Simon, Robert, Étienne, Gaspard, et c…

Charles Gaspard, un artiste d’Arlon (Copyright Wikipedia).

Dans les pays scandinaves, cette appartenance se traduit souvent par le suffixe « sson » ou « dothir », qui signifie « fils/fille de ».

Les noms espagnols marquent cette filiation par une terminaison en « ez », alors que les noms sémites, comme ceux des populations hébraïcophones et arabophones, sont précédés d’un « ben » ou d’un « bin », qui signifient « le fils de ».

Liam Neeson et Michèle Rodriguez (Copyright Wikipedia).

Dans les noms anglo-saxons et néerlandophones, cette filiation se marque par l’adjonction d’un « s » qui rappelle le possessif, donc « Adams » veut dire „ « le fils/la fille d’Adam », et « Peeters » signifierait : « qui est le fils/la fille de Pierre ».

Pendant les guerres françaises et napoléoniennes, les jeunes belges d’origine flammande compliquaient parfois leur nom quand ils signaient les documents d‘enrôlement à l’armée, afin d‘éviter qu’on ne puisse les retrouver si ils désertaient : « Hendriks » devenait donc « Hendrickxs » avec « z », « p », « r » et une cerise sur le tout.

La célèbre famille Adams, née du fils d’Adam
(Copyright https://www.ecranlarge.com/series/news/1391433-la-famille-addams-la-serie-de-netflix-et-tim-burton-ajoute-deux-beaux-noms-au-casting).

On observe aussi cette pratique chez les Écossais, avec le fameux « Mac », ou chez les Irlandais, avec le célèbre « O’ » , qui se mettent devant pour dire « fils/fille de ».

Une famille irlandaise de bagarreurs, les O’Hoolighan, donna d’ailleurs son nom à un type de supporteurs que personne n’aime voir dans son stade, dès 1891 : les hooligans.

Mac Gyver, le « fils de celui qui donne », en vieil Anglais (Copyright
https://www.geek-it.org/macgyver-1985/).

Chez les Tchèques, avec les célèbres « Ov » et « Ova », qui se mettent à la fin du nom de famille pour signifier « fils » et « fille de », les agents de l’état civil belge ont parfois beaucoup de mal à comprendre, même avec une grammaire devant les yeux (croyez-moi, c’est du vécu).

Cette tendance se marque encore mieux dans les noms romains, les fameux Tria Nomina, qui permettaient souvent d’identifier le père, par le prénom (le praenomen), la famille, par le nom (nomen), et l’enfant par le surnom (le cognomen), qu’ils désignaient.

Donc, Jules César, le fameux Caius Julius Caesar, était Caius, de la famille Jules, à la peau verdâtre / aux cheveux longs / né par césarienne. Les auteurs diffèrent sur la traduction de ce surnom mais, pour moi, il aimait peut – être simplement la salade.

Jules César n’aime pas qu’on se moque de son nom
(Copyright https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTz_49KjEnqRwic0LZh3L91P233GRfubzGZdQ&usqp=CAU).

Pendant longtemps, les enfants recevaient le prénom du père, ou de la mère, ainsi que cela se fait encore dans certains pays slaves, comme la République tchèque.

Parfois, on y ajoutait un détail, pour savoir de quel Pierre on parlait. Nous auront plus vite des noms comme « Lepetit, « Lejeune » (le fameux « Junior » en Latin et en Anglais vient de là), « Legrand » (pour ne pas dire « Le vieux », le fameux « Senior » en Latin et en Anglais).

La famille Pierre vous salue bien
(Copyright https://www.programme-tv.net/imgre/fit/~2~program~569756a1eec81dc8.jpeg/1200×630/crop-from/top/quality/80/cr/wqkgVGhlIE1vdmllIERC/rrrrrrr.jpeg).

Parfois, les deux mots pouvaient s’associer pour n’en former qu’un seul, comme Jacquemin, qui signifie Jacques « Minus », donc « le petit », pour signaler qu’on parle du fils. En Gaume et dans le Namurois, on parle encore des gens en disant « le fils Machin » ou « la fille truc ». En Italie, Nicolas le Petit devait souvent « (Ni-) Col » – « ini », Collini, alors qu’en France, c’était « (Ni-) Colas », ou Colas.

Les noms plus anciens, datant du XVIème siècle ou avant, ont une consonnance plus germanique, comme ceux se terminant par « (m)art/d », un suffixe germanique signifiant « célèbre » ou « fort ».

Il est célèbre, Denis le fils du petit Nicolas : Denis Collard
(Copyright https://www.facebook.com/Vivacite/videos/la-m%C3%A9t%C3%A9o-rap-de-denis-collard/1739505159427456/).

D’autres noms sont bâtis sur l’origine géographique de la personne, indiqué par « van » en Néerlandais et « de » ou « du » en Français. « Vanden Bergh » en Flamand, ou « Dumont » en Français, signifie « de la montagne ».

Beaucoup de noms Flamands qui comportaient « Van der » (« de le », donc « du ») ont été raccourcis en « Ver », par exemple « Vermeulen », pour dire « du moulin ». De même, les noms en Français perdent parfois leur article, et « de la fontaine » devient « fontaine ».

Quentin de Montargis
(Copyright http://php88.free.fr/bdff/image_film.php?ID=11680).

Chez les nobles, c’est pareil, sauf qu’il faut faire plus compliqué parce que noblesse oblige. C’est ainsi qu’on gardera un petit « de » ou « van », un petit « het/‘t » ou « le/le », pour dire d’où l’on vient. C’est la catégorie des patronymes qui a le plus de diversité, en raison du grand nombre de noms de lieux existant.

Dans les variations qui comporteront plusieurs noms de famille accolés, vous aurez bien compris que, comme pour les singes, cela permet de se définir entre branches et sous – branches du même arbre.

Par exemple, le véritable nom de notre Roi est Philippe « von (« de », en Allemand) Sachsen – Coburg und Gotha », parce que son ancêtre Léopold Ier appartenait à la Maison des ducs de Saxe – Cobourg et Gotha, en Allemagne.

Les armoiries de la famille de Saxe – Cobourg – Gotha (Copyright Wikipedia).

Notre Reine s’appelle Mathilde d’Udekem d’Acoz, parce qu’elle appartient à la famille des comtes d’Udekem, mais qu’elle descend de la branche à qui appartient le château d’Acoz, en Belgique.

Les armoiries de la famille d’Udekem d’Acoz (Copyright Wikipedia).

J’ai personnellement un voisin qui porte un nom plus que noble, puisqu’il s’apelle Burton : celui « de l’enceinte fortifiée » (« burth“ », enceinte et « tun », fortifiée en vieil Allemand).

Hagar Dunor et son enceinte fortifiée (Copyright
https://forum.sanctuary.fr/t/hagar-dunor-t-1-3-dik-browne/67355/7).

Parfois, c’est la profession de l’ancêtre qui permettait de définir la personne dont on parlait. C’es ici qu’arrivent les Schmit, « forgerons », De Backer, « le boulanger », Kieffer, « tonnelier » et autres Knopf / Knoppes, « fabricant de boutons », même si ils ne pratiquent plus ces activités.

Pour la petite histoire, vous saurez que les Salpêteurs ne sont pas ce qu’ils pourraient être, mais que leurs ancêtres avaient exercé des responsabilités très importantes au Service du Salpêtre.

Le salpêtre, cette poussière blanche qui apparaît sur le mur des étables, servait à fabriquer la poudre à canon, donc il vaut mieux ne pas mettre le feu aux poudres avec eux si vous ne voulez pas qu’ils s‘enflamment et explosent.

Les soldats du Service des Poudres et Salpêtres sous Napoléon Ier (Copyright
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/69/Poudres_et_Salp%C3%A8tres.jpg).

D’autres noms plus colorés existaient, comme Kirschenbilder, le « peintre » (« bilder » en Allemand), des « églises » (« kirchen »), ou des « cerises » (« kirschen »), et moins vaches, comme Bouvy, le bouvier, qui emmenait les troupeaux de vaches de pâture en pâture.

Les attributs physiques de l’ancêtre, qualités ou défauts, pouvaient aussi servir à l’identifier dans une foule, avec des surnoms tel que « De Lange » ou « De Corte / De Kort » qui correspondent respectivement à « Legrand » et « Petit ».

Certains adjectifs indiquaient une origine étrangère, comme « Lallemand » ou « Lerusse », voir une couleur de cheveux, comme « Deroeck », aux cheveux noirs « comme une corneille ».

Si Keyzer se prenait pour un empereur et que Latour était grand et fort comme un donjon, Laforge savait tout faire, car l’article défini était fort utilisé dans les surnoms entre le XVIIème et le XIXème siècle.

Phil Defer était maigre comme un fil et haut comme une tour (Copyright
https://www.bdgest.com/forum/nouvelle-integrale-lucky-luke-t9652-100.html).

Certains noms de famille sont le fruit de la corruption, donc du changement d’écriture ou de prononciation, d‘un autre nom, simplement parfois parce que l’agent de l’état – civil ne savait pas écrire, ou n’avait pas envie de respecter le droit des gens à voir leur nom correctement écrit.

Par exemple, « Puissant » était peut – être un « Puisant », un puisatier, qui veillait sur les puits, et Poncin pouvait habiter près d’un petit pont, « pont – ius », ou être le fils de Monsieur Pons, le suffixe « ius » signifiant « petit » en Latin.

Puissant, le puisatier qui puise l’eau du puit (Copyright http://www.passionprovence.org/archives/2015/07/03/32309256.html).

Grandhenry, quant à lui, pouvait être le fils du Grand Henry, ou Henry qui est grand, tandis que « Fagneray » était «  celui qui habitait dans la fagne », ou « le petit qui vit dans le marais ».

Il reste encore les noms de famille aux origines incertaines, comme « Verheylewegen », « qui vivait loin « (ver », c’est loin en Néerlandais), ou « qui venait, des chemins saints », ou Monsieur Vandeneynde, « de la fin ».

Landrain peut porter un nom gaumais qui signifiait « Le André », puisqu’il existe un prénom féminin pour celui – ci, « Andrée ». Il peut aussi avoir été un « habitant des landes », ou du pays, « land », de la pluie, »rain », en Anglais.

En effet, c’est encore plus compliqué quand les langues étrangères s’en mêlent !

Si Flammant descend sans doute d’un habitant des Flandres, dont le nom est écrit à la française, ou ressemble à un oiseau coloré vivant dans les zones humides (flamen : « coloré », en Occitan), Flammang, en ce qui le ou la concerne, porte le nom d’un habitant des Flandres, écrit à l’alsacienne, ou d’un oiseau coloré. Comme Dupont et Dupond, ne vous trompez pas quand vous écrirez leurs noms, car cela amènerait bien des méprises.

Un flammant peut être un flammang, mais un Flammand ne saurait être un flammang, même si il peut être un Flammang (Copyright https://fr.wiktionary.org/wiki/Fichier:Flam.lesser.600pix_(Pingstone).jpg).
Dupond et Dupont (Copyright https://www.tintin.com/fr/characters/dupond-et-dupont).

Le nom Dion pourrait venir de « Dionos », ou de « divinus », qui signifie « divin » en Latin, mais on aurait tort de se croire sorti de la cuisse de Jupiter quand on le porte car « Dion » peut aussi être un raccourci pour « Dionysos », le dieu des alcooliques et du Delirium Tremens.

La naissance de Dionysos (Copyright
http://polyxenia.eklablog.com/la-naissance-de-dionysos-p1323172).

Au final, comme disait Renaud, on choisit ses copains, mais rarement sa famille et nous terminerons sur cette excellente idée que notre nom est ce que nous en faisons, quoiqu’en pensent les autres.

Retrouvez cette chronique et les autres sur la page de Vivacité Luxembourg, sur la page d’Info-Lux, et sur ma page Fabrice

D-E B-A-C-K-E-R.

Je vous dis  » bientôt ! ».

https://www.facebook.com/profile.php?id=100017807142373

Fabrice De Backer

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