FESTIVAL DE NAMUR : anne Marivin

Oct 7, 2021 | ACTUALITES, Cinema, Cinémas, Festival du Film Francophone de Namur, Namur | 0 commentaires

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Brigitte et Thibaut Demeyer

Anne Marivin : « l’actrice devient périssable ! »

Anne Marivin, le grand public l’a découverte grâce à « Bienvenu chez les Ch’tis » de Dany Boon. Depuis, sa carrière s’est envolée. Rencontre, dans le cadre du Festival du Film Francophone de Namur, avec une actrice pétillante, souriante et amoureuse du 7e Art.

(c) Brigitte Demeyer-Lepage

Ce n’est pas la première fois que vous êtes jurée dans un festival de cinéma. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce rôle ?

C’est juste le plaisir de voir des films dans d’excellentes conditions avec parfois des projections privées. Voir trois films par jour, c’est un vrai bonheur pour moi. A Paris, quoiqu’il arrive, je vais au moins deux à trois fois par semaine au cinéma. Ce qui est chouette aussi c’est d’avoir la possibilité de visionner des films que je n’irais pas nécessairement voir naturellement et non pas par manque de curiosité mais aussi parce qu’ils ne sont pas distribués en France.

J’imagine que lorsque l’on est juré, on regarde les films d’un autre œil…

Je n’ai pas la prétention de juger les films mais plutôt d’envoyer un message aux réalisateurs et à l’ensemble des équipes, puis aux distributeurs et aux spectateurs, pour qu’ils fassent confiance aux films. Donnez-leur un peu plus de visibilité, surtout depuis 1 an et demi avec cette pandémie où tout va trop vite. Parfois, avec toutes ces sorties, un film peut être retiré de l’affiche après seulement une semaine. Ce qui me plaît aussi, c’est de ne pas avoir le même regard que celui que j’ai quand je paie ma place et que, si le film ne me plaît pas, je quitte la projection. Dans le cas de mon rôle de juré, je me pose la question de savoir pourquoi ce film ne m’atteint pas, c’est bien de se questionner car il est hors de question de ne pas respecter l’œuvre de quelqu’un.

Quel regard portez-vous sur l’avenir du cinéma ? Est-ce que cette prolifération de plateformes numériques vous fait peur ?

J’ai le sentiment qu’il faut réinventer le financement et arrêter avec des choses qui sont gravées dans le marbre. Aujourd’hui, tout est à refaire au niveau financement, il faut arrêter de penser qu’il y a des acteurs et actrices banquables. Il faut plutôt miser sur des histoires, arrêter de donner 7 à 8 millions d’euros pour un film qui, à l’image, ne se verront jamais. Il faut redistribuer les cartes !

Je trouve que le spectateur a beaucoup bougé grâce aux plateformes numériques ; du coup, il a accès à un panel de chaines. Quand j’étais gamine, il n’y avait que trois chaînes, donc évidemment on attendait avec impatience le film de De Funès, Bourvil ou Pierre Richard parce qu’il y avait peu de propositions. Maintenant, il y en a tellement… Je le vois avec mon fils de 13 ans ; il adore aller au cinéma parce que je suis comédienne et que je l’emmène depuis qu’il est tout petit. Mais je sais que tous ses copains n’y vont pas, ils préfèrent leur abonnement Netflix.

Vous êtes une cinéphile, quel film vous a le plus marqué ?

Le cinéma est essentiel pour moi. Cela m’a appris plein de choses. Quant au film qui m’a le plus marquée, celui qui m’a donné en quelque sorte l’envie de faire du cinéma, c’est « L’insoutenable légèreté de l’être » (NDLR de Philipp Kaufman avec Juliette Binoche et Daniel Day Lewis). Je ne viens pas d’une famille cultivée avec des parents qui m’emmenaient au cinéma, au musée, au théâtre mais plutôt d’une famille aimant le sport. Donc la découverte de ce film, par hasard à la télé, a été une révélation pour moi qui avant me nourrissais au travers de comédies, de divertissements.

D’où votre présence dans les comédies…

Non, c’est parce que c’est arrivé comme ça, j’aime beaucoup ce genre qui, à mon sens, est très mal traité.

(c) Thibaut Demeyer

Certes, on ne vous voit pas seulement dans des comédies, il y a aussi des drames et puis, exception dans votre carrière, un film d’horreur !

Oui, on m’a proposé cela il y a quelques années ;  je me suis dit « tiens, c’est un genre que je ne connais pas et qui devrait être passionnant à vivre ». Lorsque Alexandre Bustillo et Julien Maury m’ont proposé le rôle de Julia (NDLR : il s’agit de « Aux yeux des vivants »), de le tourner à Bucarest pendant trois semaines dans des conditions très artisanales, j’étais super heureuse. Le film d’horreur est un genre extrêmement projeté, on crie beaucoup, on court beaucoup, ce sont des situations extraordinaires pour de vrai… pour autant que l’on ne vous court pas après avec une tronçonneuse (rires).

Au cinéma, avez-vous des tabous ?

Non, je me base uniquement sur la confiance. Cela dit, je fais quand même attention à ce que je tourne par rapport à mon fils vis-à-vis du regard des autres sur sa mère. Si je dois tourner une scène de sexe par exemple, ce qui a été récemment le cas pour une série qui passe sur TF1 donc de grande écoute, je demande alors au réalisateur de faire attention pour mon fils.

Lorsque l’on regarde votre filmographie, on voit que vous tournez souvent avec les mêmes réalisateurs. Est-ce que cela vous rassure ou ce n’est qu’une coïncidence ?

En fait, c’est parce que tout s’est bien passé et donc, ils reviennent à moi, ce qui est sympa. En plus, vu que l’on se connaît, le travail va plus vite mais je reste « open » aux autres rencontres.

Que pensez-vous du combat mené par Elizabeth Bourgine concernant la difficulté des femmes de plus de cinquante ans à obtenir des rôles au cinéma ?

Il est vrai que pour une actrice de plus de cinquante ans, la lucarne se rétrécit de plus en plus. Elizabeth Bourgine a raison dans son combat parce qu’à un certain âge, l’actrice devient périssable ! On raconte moins de choses, parce qu’une femme est ménopausée, parce qu’elle ne peut plus avoir d’enfant, elle est moins désirable car moins de choses à raconter sur sa vie sentimentale ou sexuelle. Pour un homme, on ne se pose pas la question. Dans un film, par exemple, un acteur de soixante ans marié à une femme de trente ans ne pose aucun problème, cela ne choquera personne. En revanche, l’inverse, il faudra l’expliquer. Il y a un vrai souci du fait de filmer des femmes vieillissantes et c’est la raison pour laquelle les femmes écrivent de plus en plus. J’ai 47 ans et je sais déjà que dans dix ans, cela va être difficile pour moi de trouver des rôles alors que pour un homme pas du tout !

Dans la saison 4 de « dix pourcents » vous jouez une vraie méchante, cela a dû être drôle… Je l’ai adorée parce qu’elle était très manichéenne, c’était le JR de la saison. Cela dit, les histoires sont réalistes mais assez petits parce que dans la réalité, cela ne se passe pas comme ça, il y a des histoires bien plus croustillantes entre acteurs, agents. Tout cela, Dominique Besnehard le sait mais il a voulu quand même le romancer et c’est normal. 

Propos recueillis par Brigitte et Thibaut Demeyer

Anne Marivin – (c) Thibaut Demeyer

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