CECILE DE FRANCE FACE A L’ INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Après « Mission impossible : the final Reckoning », le danger de l’IA refait surface à travers « Dalloway » de Yann Gozlan avec Cécile de France. A Cannes, Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.
« Les artistes ont toujours utilisé les nouvelles technologies. Seule l’œuvre compte ». Voilà le genre de propos tenu dans l’excellent « Dalloway » de Yann Gozlan avec une Cécile de France au sommet de son art. Des propos qui nous glacent le sang.
« Dalloway », adapté du roman de Tatiana de Rosnay « Les fleurs de l’ombre », n’est pas seulement l’histoire d’une écrivaine en mal d’inspiration qui finit par se faire aider par l’IA, représentée par la voix de Mylène Farmer, mais une œuvre proche de notre temps. C’est un film d’une rare qualité, mettant en garde la société actuelle face au danger de l’IA. Peut-être un peu parano mais pertinent durant la grande partie du film.
Clarissa est admise dans une résidence de luxe fondée par une société qui souhaite officiellement soutenir les artistes, le temps qu’elle rédige son prochain roman sur la fin de vie de Virginia Woolf. L’appartement est doté d’une technologie hitech qui fait rêver : l’intelligence artificielle se chargeant de la réveiller en douceur, d’allumer la télé, de l’assister pour différentes tâches allant de la liste des courses aux rendez-vous, de suivre son état de santé avec chaque matin la vérification de son taux de glycémie, sa tension etc. Une véritable amie, un ange gardien qui veille sur vous. Le rêve avant le cauchemar car cette IA s’immisce de manière pernicieuse dans la vie et la pensée de Clarissa Katsef.
(c) Galerie photos : Thierry Vaslot – légende : Cécile de France et Mylène Farmer – Cécile de France et Yann Gozlan


IA A BESOIN DES ARTISTES
Clarissa Katsef, le personnage joué par Cécile de France, se dévoile lentement. Au début du film, Clarissa semble apprécier son environnement. Mais petit à petit, cette relation s’effiloche, Clarissa se rendant compte que Dalloway est de plus en plus indiscrète au travers de questions concernant, notamment, le suicide de son fils. Des questions pas si innocentes que cela bien au contraire. IA prend le pas sur sa vie, se nourrit de sa sensibilité, de ses sentiments « l’IA pour évoluer a besoin des artistes car ils sont plus sensibles » déclare un des personnages en charge d’étudier la manière de faire évoluer cette intelligence. A partir de ce moment, le film prend une toute autre tournure, le thriller prend le pas, renforçant d’autant plus le danger de cette technologie capable aussi de nous faire passer pour des fous.
Filmée souvent en gros plan, Cécile de France est magistrale, à la fois en écrivaine en mal d’inspiration, en mère de famille se sentant coupable du suicide de son fils et qui a pour seule compagnie Dalloway. Une voix tellement présente dans son quotidien qu’elle en donne l’impression d’être humaine. A chaque demande, Clarissa termine par un « s’il te plaît ». La machine est devenue tellement humaine qu’on en oublie qu’il n’en est rien. Dès lors, le film démontre bien à quoi nous devons nous attendre dans peu de temps, la vie que nous allons avoir avec cette évolution technologique qui a de bons côtés mais aussi peut être très dangereuse. Une société où notre liberté sera bafouée malgré les lois pour la protection de notre vie privée tel que le RGPD.
« Dalloway » est une œuvre passionnante, de près de deux heures, qui tire une sonnette d’alarme sur fond de divertissement construit intelligemment et admirablement interprété par Cécile de France. Un film qui aurait amplement mérité sa place en compétition.
(c) Galerie photos : Thierry Vaslot – Légende photos : Cécile de France.


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