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KARIM LEKLOU : « LE CINÉMA EST UNE BULLE D’AIR »

Fils d’un magasinier venu d’Algérie et d’une mère bretonne, réceptionniste, Karim Leklou est arrivé sur le tard dans le monde du 7e Art. A l’affiche de « Le roman de Jim », son ascension est fulgurante. Rencontre avec un acteur passionné, passionnant et humain. Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.

Karim Leklou connait bien le Festival de Namur pour y être déjà venu à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était l’année dernière pour présenter « Vincent doit mourir ». Cette année, c’est en tant que membre du jury qu’on le croise dans les rues de Namur.

Karim LEKLOU – (c) Thibaut Demeyer

Karim Leklou, j’imagine que pour vous Namur est synonyme de bons souvenirs ?

Carrément ! C’est pour cela que j’ai accepté de faire partie du jury. Je trouve ce que Festival est un beau Festival, tourné vers le cinéma, sans forme de « tralala » et j’aime beaucoup cela.

Actuellement, vous êtes à l’affiche de l’excellent film des frères Larrieu « Le Roman de Jim ». Emotionnellement parlant, c’est compliqué de jouer un tel personnage ?

Non, c’est plutôt une chance parce que tout était déjà dans leur écriture. C’est une adaptation déjà d’une belle écriture, celle de Pierric Bailly. C’est plus une chance que quelque chose de compliqué. Ce qui est compliqué, c’est quand on n’a pas de matière à l’écriture, quand il faut tout construire. Par contre, là je trouvais qu’il y avait une précision dans les dialogues, dans les situations. C’était un récit exigeant mais qui, dès la lecture, m’avait assez touché. Du coup, je me suis dit qu’en suivant l’écriture, il y avait des possibilités de toucher le spectateur.

“Je trouve que ce festival est un beau festival” Karim LEKLOU (c) Brigitte Lepage

Vous êtes donc ici en tant que membre du jury officiel. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce rôle ?

C’est déjà de voir des films. Ce qui est bien à Namur, c’est que ce sont des films venant de la Francophonie, avec des histoires très différentes, que nous avons vus. C’est une chance parce que, même en France, on n’a pas toujours la possibilité d’avoir accès à un éventail de films comme vus ici. Et puis, le plaisir de découvrir des acteurs, des propos, des histoires dont certaines nous ont beaucoup touchées. La programmation était éclectique et donc, l’idée de voir des films, de pouvoir en discuter surtout quand on est dans un jury comme le mien qui très sympathique, on a passé de chouettes moments.

A quoi faites-vous particulièrement attention en tant que jury ? A l’interprétation ? A l’ensemble du film et des émotions qu’il dégage ?

J’essaie de donner une sensation qui est la mienne. On échange sur l’ensemble du film pas que sur l’interprétation. Alors oui, je suis sensible aux interprétations mais j’essaie de regarder l’ensemble.

On a passé de chouettes moments” Karim LEKLOU (c) Brigitte Lepage

A quel moment avez-vous décidé d’être acteur ? Vous avez toujours voulu l’être ?

Non ! Je suis arrivé sur le tard. J’avais 27 ans. Avant, je faisais plein de petits boulots. Le cinéma était pour moi une sorte de bulle d’air, une récréation mentale parce que les petits boulots que je faisais n’étaient pas des plus passionnants avec des amplitudes d’horaire assez larges. Puis, j’ai décidé de prendre des cours de théâtre pour penser un peu à autre chose, rêver et m’amuser. Cela m’a plu et puis il y a eu un casting sauvage pour « Un Prophète » (ndlr : de Jacques Audiard, Grand Prix Festival de Cannes 2009) où j’avais un jour de tournage qui s’est transformé en cinq jours. Puis, j’ai trouvé un agent qui m’a emmené de rôle en rôle.

On vous voit de plus en plus au cinéma et à la télévision. Les gens commencent à vous reconnaître dans la rue. Comment vivez-vous cette notoriété ?

Ce n’est pas ce qui m’intéresse particulièrement dans ce métier mais les gens que je croise dans la rue sont sympathiques avec moi, ce n’est pas quelque chose qui me pèse. Ils vous font un retour sur les films qu’ils ont vus, ce que je trouve intéressant. J’aime bien discuter autour du cinéma. C’est quelque chose qui me plaît toujours.

Etes-vous cinéphile ?

Je ne sais pas si je peux me qualifier de cinéphile mais oui, je regarde beaucoup de films depuis que je suis adolescent.

Avec vos parents aussi vous regardiez des films ? Ils vous emmenaient au cinéma ?

Oui bien sûr. Je me souviens par exemple de « Danse avec les loups » à « Terminator », le cinéma d’action des années 90, aux « Gremlins », les films pour enfants, aux grandes comédies françaises ; et puis adolescent, un film qui m’a un peu plus marqué, c’était « L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville. J’ai eu la chance de pouvoir voir beaucoup de films très différents.

Un film qui m’a marqué : L’armée des Ombres de Jean-Pierre Melville” Karim LEKLOU (c) Brigitte Lepage

Quel est le film dans lequel vous avez joué depuis le début de votre carrière qui vous a le plus marqué ?

J’ai un rapport assez étrange aux films. Je n’ai pas ce rapport-là. Ce que j’aime dans le cinéma, c’est de plonger dans des univers avec des expériences différentes. J’apprécie de ne pas être juste dans un type de cinéma ou un seul type de rôle et d’essayer de fabriquer des personnages différents avec des visions de metteur en scène, donc cela m’intéresse de me fondre dans l’univers du metteur en scène et de travailler avec eux et non pas d’imposer une patte d’acteur mais de travailler avec cohérence et en cohésion avec le ou la réalisatrice.

Actuellement, on vous voit dans la série « Hippocrate » et puis on vous verra dans « De Gaule ». Pensez-vous qu’aujourd’hui un acteur, pour ne pas être oublié, doit passer par le petit écran ?

Ce qui compte à mon sens, c’est la qualité du projet. Pour « Hippocrate », j’ai seulement le sentiment de faire un format plus long puisque nous avons six heures ou douze heures pour développer l’intrigue alors qu’au cinéma entre 1h30 à 2 heures selon le format classique. Je ne pense pas qu’il y ait une obligation, je pense simplement qu’en tant qu’acteur, il faut être curieux et ne pas avoir des préjugés sur tel ou tel format. Il faut se laisser aller vers les choses que l’on aime.

Que pouvez-vous nous dire sur le téléfilm en deux parties intitulées « De Gaule » ?

J’interprète un personnage un peu lunaire dans cet univers militaire, très sérieux, puisque c’est un personnage qui vient pour réparer une fuite et qui se retrouve engagé dans la France libre en Angleterre. C’est un personnage polonais qui a une notion d’humanité forte et qui est assez rigolo. C’est tout ce que je peux vous dire !

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