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JAN BUCQUOY : LA DERNIERE TENTATION DES BELGES

Fév 3, 2022 | ACTUALITES, Belgique, Cinema, Cinémas, films, Interview, Luxembourg | 0 commentaires

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« IL FAUT RENDRE LA VIE BELLE »

Avec son nouveau film, « La dernière tentation des Belges », Jan Bucquoy nous offre une véritable perle cinématographique rempli de bons mots, d’humour, de mélancolie, de tendresse et de réflexion. Il exorcise sa douleur d’avoir perdu sa fille à travers cette œuvre qui ressemble plus à une leçon de vie de que mort. « La dernière tentation des Belges » fait d’ores et déjà partie des films de l’année 2022 ! Rencontre avec Jan Bucquoy. Thibaut Demeyer.

Absent du grand écran entre 2008 et aujourd’hui. Pourquoi autant de temps avant de nous présenter un nouveau film ?

Le cinéma n’est pas ma seule passion dans la vie. Il y a différentes façons de parler aux gens comme les expositions, la peinture, les musées. J’ai été très occupé puis après, il a fallu trouver le financement, ce qui n’a pas été simple. J’ai fait une version luxembourgeoise mais il fallait trouver pas mal de techniciens luxembourgeois. Après, j’ai fait une version allemande mais c’est quand même un film belge donc je suis revenu en Belgique mais le producteur a fait faillite. Bref, monter un film, c’est un vrai chemin de croix !

Comment s’est passée l’écriture du scénario ? Est-ce que cela a été difficile compte tenu du malheur qui t’a frappé ou justement, il t’a servi d’exutoire ? 

Cela reste de l’heureux mais c’est aussi une façon de continuer le dialogue. Quand tu as fini d’écrire, d’une certaine façon, tu arrives à lâcher mais cela ne change rien. En fait, tu as lâché cette présence continuelle que l’on appelle période de deuil. L’écriture permet de dire « stop, la vie continue. »

Ton film, c’est beaucoup de choses à la fois : un mea culpa par rapport à tes enfants, un bilan sur ta vie et une utopie sur un monde qui n’existera jamais (loterie au niveau des héritages).

Oui, c’est une sorte de petit testament où tu mets en place tout ce que tu as. Mais c’est surtout le fait de dire que toutes ces petites choses font que justement la vie est intéressante et que tu continues à vivre. Ce film est plus un mode d’emploi à la vie que quelque chose sur le suicide.

Ce n’est pas un film testamentaire ?

Non, mais il y a un côté « on fait un petit bilan » et c’est ce bilan là que ma fille mettait en doute parce qu’étant assez lucide, elle disait objectivement : « tu arrives où ? Tu es toujours sur la corde raide financièrement, tu fais des choses mais ce n’est pas nécessairement accepté parce que tu es très clivant, tu es toujours dans une espèce d’underground même si de temps en temps tu en sors mais c’est pour retomber aussitôt (rires). » Apparemment, elle ne voulait pas aller dans ce sens-là. Elle avait vu que c’était une voie sans issues alors que moi je disais tout le temps que c’est important de vivre. Vois cette société comme une espèce de grand théâtre.

 LA DERNIERE TENTATION DES BELGES
Jan Bucquoy – (c) Thibaut Demeyer

Dans le film, il est dit « l’amour, c’est donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » et « Il n’y a pas d’amour heureux ». Tu ne crois pas à l’amour ?

Si mais il y a toujours une face à l’amour. Il y a l’amour puis le contre-pied. Il y a une période d’extase puis, il y a la vaisselle, gagner l’argent etc. (rires)

La vie est belle quand même….

Il faut la rendre belle. En soi, la société ce n’est pas joyeuse. Pour qu’elle soit belle, il faut avoir des projets parce qu’on ne te l’apportera pas sur un plateau d’argent. Ce que j’ai essayé de dire, c’est que le film est plus une leçon de vie qu’une leçon de mort.

A quel moment as-tu pensé à Alice Dutoit dans le rôle de ta fille ?

Je cherchais quelqu’un qui avait une impression de fraîcheur pour contrebalancer le drame dans lequel elle était afin de le rendre plus léger, plus acceptable et comme elle n’avait jamais joué, cela a été un avantage.

La musique est également un élément important dans ton film.

Il y a un petit côté comédie musicale. Pour moi, la musique c’est important, c’est 50% du film. J’en ai parlé à Marka parce que les chansons que je voulais au départ, c’était trop cher au niveau des droits. Il a donc composé une musique originale que nous avons travaillée ensemble. Je trouve que la musique fonctionne très bien. Alice Dutoit a également écrit des morceaux spécialement pour le film sans oublier l’accord d’Adamo pour « Tombe la neige ».

A la fin du film, il est dit « La mort, c’est la paix ». C’est ta vision de la mort ?

Disons qu’une fois mort, on n’a plus de conflit. C’est une façon de dire qu’il ne faut pas en avoir peur. Les problèmes ne seront pas finis mais pour les proches oui. Tu portes donc dans ce sac à dos, le ballaste qui t’empêche de monter. Pour moi, il faut à un moment mourir pour laisser la place aux jeunes autrement la terre ne pourrait pas supporter tout ce monde. Il faut accepter la mort. En revanche, la façon de contrer la mort est de continuer à avoir des projets et si on n’en a plus, même si on vit encore, on meurt d’office.

Une des dernières images du film, on voit Wim Willaert couché sur un tapis de pétales de roses. Est-ce un hommage au film « American Beauty » ?

Effectivement parce que j’ai beaucoup aimé cette scène. Mais c’est aussi pour ne pas montrer la chute, le sang. En fait, c’est plutôt lui qui tombe parce qu’il est en définitive plus mort qu’elle.

A deux reprises, tu parles de Claude Lelouch alors terminons par un de ces titres de film « Si c’était à refaire ? » que changerais-tu dans ta vie ? C’est une réponse très compliquée parce que je pense qu’on referait la même chose. Je pense que je prendrais des cours de parents pour passer le permis (rires). Ce serait génial parce qu’à 20 ans, on ne connaît rien, même au niveau travaux pratiques. On te mettrait dans un couple fictif comme ça, tu vois comment cela fonctionne. Comme dit Confucius « l’expérience est une lanterne que l’on porte dans le dos ».  

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