“Vivre le motocross, envers et contre tout – L’histoire du team KRT”
Il y a des sports que l’on acclame, et d’autres que l’on tolère à peine. Le motocross, lui, semble voué au rejet, pris en étau entre l’urgence écologique et le poids des stéréotypes. Trop bruyant, trop polluant, trop sauvage, dit-on. Pourtant, derrière le fracas des moteurs et la poussière soulevée, il y a des histoires, des visages, une passion qui refuse de s’éteindre. Le Kasperek Racing Team (KRT) en est l’incarnation. À travers eux, cet article se propose d’aller au-delà des préjugés, d’entrer dans l’ombre des paddocks et la lumière des pistes pour comprendre ce qui fait battre le coeur du motocross. Une immersion en province de Luxembourg dans un monde où chaque saut, chaque virage, chaque mécanique ajustée raconte une quête plus grande : celle d’exister, malgré tout.

Le motocross en Belgique n’est plus ce qu’il était. Autrefois sport national, il voit ses terrains disparaître les uns après les autres, tandis que sa médiatisation s’efface peu à peu. La raison principale ? L’écologie. Jugé bruyant, polluant ou encore trop envahissant, le motocross se heurte aux nouvelles exigences environnementales et à l’urbanisation croissante. Les terrains, autrefois isolés, se retrouvent cernés par les habitations, rendant la pratique de plus en plus complexe, de plus en plus restreinte.
Cet article n’a ni vocation de politiser le débat, ni à nier l’empreinte écologique de ce sport. Il s’inscrit ailleurs, dans une volonté de comprendre. Comprendre pourquoi, malgré tout, ce sport continue d’exister. Comment, loin de disparaître, il s’adapte, évolue et redéfinit sans cesse ses propres pratiques. Comprendre ce qui, week-end après week-end, pousse ces pilotes à enfourcher leur machine.

Mais avant d’aller plus loin, il est essentiel de préciser ce qu’est le KRT, d’où prend-il son essence et où il souhaite aller. Le team est fondé en 2021 par Joël Kasperek, un passionné – du moins à l’origine – de BMX. Il crée ce “groupe” afin de consolider le lien avec son fils, Romain, autour du motocross. Joël nous explique d’ailleurs : « Je voulais faire une activité avec mon fils Romain, qu’on se rapproche autour d’une passion, un délire père-fils ».
Une relation père-fils consolidée, les copains de Romain seront aussi vite conquis par l’approche sincère de Joel et rejoindront, à leur tour, l’équipe. Le KRT deviendra vite une grosse organisation, accueillant une quinzaine de pilotes chaque saison depuis sa création. Les objectifs du KRT sont simples : créer des souvenirs chaque week-end, entre pilotes, supporters, amis et rivaux, vivre sa passion dans un groupe épanoui. Au-delà de l’aspect philosophique, le Kasperek Racing Team se lève, entre autres, tous les week-ends à 6 heures du matin pour performer.

C’est un samedi de mars que nous retrouvons les pilotes du KRT sur un circuit d’entraînement. Tous sont là, heureux de se retrouver après un hiver loin des pistes – fautes aux conditions climatiques. Un coach de renom est là pour perfectionner la technique des pilotes ; une aide que le team peut se permettre grâce à ses sponsors, nous aurons l’occasion d’en reparler.

Légende : Les sponsors du KRT pour la saison 2025.
A l’aube du petit matin, les membres du groupe déchargent les motos, règlent les suspensions, vérifient chaque boulon. Il y a dans ces gestes une rigueur presque rituelle : on discute avant de rouler, on échange sur la piste, la texture, la difficulté, mais surtout sur le plaisir de se retrouver sur la piste. L’odeur de l’essence se mêle à celle de la terre humide, les moteurs s’éveillent dans un grondement sourd. Une fois sur la piste, tout change. Le bruit devient rythme, la poussière devient mouvement. Les pilotes s’élancent, s’affrontent, se relèvent, reviennent au stand avec des visages marqués de fatigue et d’adrénaline. Entre deux sessions, on échange sur les trajectoires, on s’entraide pour une réparation de dernière minute : « Le terrain est plus dur que la dernière fois, retire un peu de pression dans les pneus et ça ira mieux ». Ce qui est marquant, les premières fois sur circuit, c’est certainement cet aspect de fraternité, de dévouement à l’autre et d’encouragement.

Nous retrouvons Dylan Martin, l’un des derniers à avoir enfilé la combinaison du KRT. Autour de lui, le bruit des moteurs s’estompe peu à peu, remplacé par les voix éparses des pilotes présents ce jour-là. Sa motivation à pratiquer le motocross est claire : « Le motocross m’apporte beaucoup, comme une passion qui m’aide à me vider la tête et à me défouler ». Tous, ici, semblent animés du même élan ; pratiquer ce sport pour les mêmes raisons, exister à travers « une vie plus saine, une sensation de liberté ». Des mots que l’on entend souvent, dans d’autres disciplines. Mais celles-ci sont acceptées, portées en honneur, là où le motocross reste relégué aux marges.

Dylan et ses coéquipiers sont d’ailleurs bien conscients de l’image accolée à leur sport. Michaël François esquisse un sourire, lointain, avant d’admettre : « Je pense que la population juge trop vite un sport qu’elle ne connaît pas […] J’essaye d’éviter au maximum le sujet qui peut me tendre parfois, donc j’essaye de ne pas trop y penser ». A ses côtés, Nicolas Léonard acquiesce et ajoute : « Il y a des personnes irrespectueuses comme dans tous les sports mais il y a aussi beaucoup de personnes passionnées qui sont présentes tout le week-end pour passer des bons moments, ce sont des personnes exceptionnelles ».
Ce rejet, ils ne le contestent plus. Pourtant, en coulisses, d’autres luttent : Constructeurs et ingénieurs travaillent à rendre les machines plus silencieuses, moins gourmandes en carburant, plus conformes aux exigences d’un monde qui change. Maxime, pilote et témoin de ces évolutions, hausse les épaules : « J’invite la population à se renseigner sur le sujet… Il y a des évolutions faites chaque année par les constructeurs en termes de sonorité et de consommation (écologique) ».

A vrai dire, ces préjugés ne prennent pas part sur les terrains. Ici, on ne parle pas d’image, ni de réputation. Ici, il y a surtout la joie. Une joie brute, permise ou du
moins amplifiée pour les pilotes grâce au Kasperek Racing Team. C’est ce que nous expliquait Michaël François entre deux sessions : « Le KRT pour moi c’est comme ma deuxième famille. On se retrouve tous les week-ends pour passer de bons moments ensemble […] J’ai été soutenu de mes premiers tours de roues jusqu’à maintenant ; grâce au team, j’ai pu évoluer positivement. Beaucoup d’encouragements sur le bord de piste, de conseils, on se tire tous vers le haut ».
Il n’y a peut-être rien d’autre à comprendre finalement. Juste cela : l’envie de rouler, de se dépasser, de partager une passion qui, à défaut d’être comprise, ne demande qu’à être vécue.

Légende : Photo prise par le KRT et ses supporters. > Province de Luxembourg > Motocross > team KRT
La journée s’achève et l’air se remplit des dernières conversations, des vannes lancées entre amis, du bruit des outils qui se remballent. Une poignée de main, une tape sur l’épaule. Certains repartent tôt, d’autres non, ce qui est sûr, c’est que demain sera une tout autre journée. Car demain, ce ne sera plus un simple entraînement. Demain, il faudra s’aligner sur la grille, se confronter aux autres, au chronomètre, à soi-même. C’est la première course de la saison, et une chose est certaine : peu de pilotes trouveront le sommeil cette nuit. Dans un petit matin arrivant – trop tôt, toujours trop tôt d’après les pilotes – le groupe du KRT se rassemble peu à peu. L’humidité s’accroche encore aux motos lorsque les pilotes de la catégorie « débutant » doivent déjà partir. L’entrainement et la séance de chronométrage sont à 8 heures.

D’un point de vue plus technique, l’AMPL (Association Motocycliste de la Province du Luxembourg) se déploie en une vingtaine d’épreuves, où s’entrecroisent des pilotes de tous âges et de tous niveaux. La matinée s’ouvre sur l’apprivoisement du terrain. Viennent ensuite les chronos, verdict implacable qui dictera la place sur la grille. Puis, l’attente. Une attente fébrile ; Les pilotes commencent à se préparer. À dix heures, les premières courses se font attendre. C’est l’instant où tout se joue, où le coeur bat plus fort, où chaque pilote existe pleinement.

Légende : Photo disponible sur le site AMPL.be > Province de Luxembourg > Motocross > team KRT
Au premier virage, les trajectoires se croisent, frôlant bien souvent l’accident. Certains plongent trop tard, d’autres trop tôt, et en une fraction de seconde, le rythme de la course est donné. Hormis la lutte acharnée entre pilotes, certaines choses pourraient échappés à l’oeil des supporters. Dans un coin du circuit, un père serre les bras croisés, le KRT encourage ses pilotes ; Certains crient ou encouragent pendant que d’autres attendent dans l’inquiétude. Derrière la ligne d’arrivée, les pilotes descendent de leurs machines, certains tremblants encore d’adrénaline, d’autres ravalant leur déception. On refait la course en quelques mots, on cherche déjà ce qui pourrait excuser la mauvaise performance, ou à célébrer la bonne.

Légende : Photo prise par le KRT, montrant Arnaud Royer célébrant sa victoire de manche.
Romain Kasperek, premier arrivé dans les rangs du KRT, vit son premier jour de course sur sa nouvelle moto. Que représente ce moment pour lui ? : « Une sensation dingue, je ne saurais même pas expliquer. La boule au ventre, le stress, l’adrénaline, ça fait se sentir vivant quoi ».
À mesure qu’il approche de la grille, le silence s’installe. Son regard fixe la piste, son souffle se cale sur l’instant. Puis, l’explosion. Quelques tours plus tard, il décroche la sixième place. Un résultat inespéré, un mélange de soulagement et de fierté. Romain vient de performer dans une des catégories les plus relevées de l’AMPL, les nationaux. Ce n’est peut-être qu’une place sur un classement, mais pour lui, c’est bien plus : une histoire qu’il racontera encore longtemps.

Tous ces moments, ces témoignages semblent accorder au motocross bien des qualités ; des qualités vécues par les pilotes et reniées par la société. On pourrait continuer à débattre du bruit, de l’impact, du regard des autres. Mais sur les circuits, il ne que reste que des pilotes avec une passion commune, des moments gravés dans la terre et dans les coeurs.
Une chose est certaine : malgré les critiques, le KRT et son fondateur, Joël, poursuivent inlassablement leur quête, celle de vivre leur passion et de redonner au motocross une image plus juste. Une image façonnée avec soin, perfectionnée au fil du temps. Mais derrière cette quête d’excellence, une réalité demeure : le motocross est un sport exigeant, et son coût ne pardonne pas.
Au sein du KRT, rien n’est laissé au hasard ; si quelque chose doit être fait, alors ce sera fait avec rigueur et passion. À travers ces lignes, le team tient à exprimer sa gratitude envers ses sponsors, ceux qui rendent cette aventure possible. Grâce à leur soutien, le KRT ne se contente pas d’exister ; il marque le motocross de son empreinte, une empreinte singulière, qui défie les codes et redéfinit, à sa manière, le petit championnat de l’AMPL.

Légende : Les sponsors du KRT pour la saison 2025 > Province de Luxembourg > Motocross > team KRT
De toute son existence, le motocross n’a jamais été un sport facile. Ni sur la piste, ni en dehors. Entre les critiques, les contraintes et l’évolution des mentalités, il aurait pu disparaître. Mais il tient bon. Parce qu’au fond, ce n’est pas juste une question de moteur ou de vitesse, c’est une histoire de passion, de dépassement et de partage. Le KRT en est la parfaite illustration. Ici, on roule pour le plaisir, pour la compétition, mais surtout pour l’esprit d’équipe. Peu importe les obstacles, tant qu’il y aura des pilotes prêts à enfourcher leur moto et à se lever à l’aube pour vivre ces moments, le motocross existera. Et avec lui, le KRT continuera d’écrire son histoire, une course après l’autre, envers et contre tout.

photos et texte : Noah Monfort
Province de Luxembourg > Motocross > team KRT
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Province de Luxembourg > Motocross > team KRT
Le sujet est bien traité, l’article est bien écrit, une bonne introduction à ce sport !
Une bonne compréhension de ce sport !
Ca me donne envie de devenir un KRT !