Beaucoup de jeunes hommes ont suivi l’empereur Napoléon Ier, en râlant sur leurs conditions de vie et de travail, ce qui les fit appeler les Grognards de Napoléon, même en province de Luxembourg.
Deux frères de la famille des Moncousin, originaires des environs de Bastogne, mairie d’Amberloup, village de Noviscourt, illustrent bien la mentalité ardennaise pendant l’épopée napoléonienne dans ce qui était alors le Département des Forêts.
Les sources sont plutôt confuses à leur sujet, cela reste de l’administratif :-), et rien n’a changé à ce sujet depuis dans notre province, mais on peut en retirer quelques éléments intéressants.
Englebert Moncousin, né en 1780, partit pour la guerre et arriva le 6 février 1802 au 108ème Régiment d’Infanterie de Ligne de l’armée française.
En 1805, il participa au combat de Mariazell et à la fameuse victoire d’Austerlitz, sous les ordres du Général de Brigade Heudelet, au sein de la Division du célèbre Général Friant et dans le IIIème Corps d’Armée du fameux Maréchal Davout, le meilleur maréchal de Napoléon.
Cette bataille consacra la gloire militaire des armées de Napoléon Ier, leur endurance, leur courage et leur discipline, livrée après une nuit blanche sur un terrain enneigé en plein hiver, avec une grande déclivité et à pied.
En 1806, Englebert Moncousin participa aussi aux célèbres batailles d’Auerstadt et de Nasielsk.
Encore une victoire terrible, surtout à une époque où les fantassins marchent doucement, bien groupés, sans se cacher ou se protéger des canons qui vomissent leurs grêles de plombs, leurs boulets rebondissants et leurs obus explosifs de plein fouet.
En 1807, il est à la sanglante bataille d’Eylau. Survivre à cette bataille horrible, livrée en hiver, au beau milieu d’une tempête de neige et sous les projectiles ennemis de toutes sortes, tout en combattant à dix contre un, montre le courage et la combativité de notre compatriote provincial.
EN 1809, ce sont les batailles victorieuses d’Eckmühl, de Landshut et de Wagram, livrées dans des uniformes bien colorés, debout au milieu d’espaces dégagés, à se tirer dessus avec l’ennemi par groupes de cent et à vingt mètres les uns des autres…
Pour son courage et son entrain, Englebert Moncousin fut muté dans une compagnie d’élite et il devient Grenadier.
En 1811, pour ses exploits, Englebert entre dans le 1er Régiment de Chasseurs à Pied de la Garde Impériale, sublime honneur pour des soldats éprouvés et méritants…il était donc normal qu’on y trouve des citoyens de ce qui est maintenant la province de Luxembourg 🙂
Il y fait la campagne de Russie en 1812, pendant laquelle son régiment restera l’une des seules unités opérationnelles durant la désastreuse retraite hivernale que l’on connaît.
Il y fait aussi la terrible campagne de Saxe en 1813, lorsque tous les peuples allemands et européens se décidèrent à profiter de l’affaiblissement de la puissance napoléonienne pour tenter de reprendre le dessus.
En 1814, Englebert combattit également pour défendre la France, et il assista aux adieux de Fontainebleau.
Il fut volontaire parmi les fidèles de l’Empereur afin l’accompagner avec son bataillon de Grenadiers de la Garde Impériale en exil, sur l’Île d’Elbe.
1815, Napoléon Ier revint en France et partit à la reconquête de son empire, avec Englebert Moncousin dans ses troupes de choc de la Garde Impériale.
Englebert Moncousin y est redevenu Chasseur à Pied, au sein du 1er Régiment de Chasseurs à Pied de la Garde Impériale, dans la Division du célèbre Général Morand, en suivant son chef, le non moins célèbre Général Cambronne.
Englebert Moncousin fit la Campagne des Cent Jours, combattit et survécut aux balles et aux canons anglais, ainsi qu’aux cavaliers prussiens lors du désastre de Waterloo en 1815, tandis qu’il défendait la retraite de l’armée avec Cambronne et son régiment.
Après le licenciement des troupes restées fidèles à la France, Englebert Moncousin entra dans la Légion Départementale de Saône et Loire (n° 70), l’une des nouvelles unités militaires créées par le nouveau gouvernement pour remplacer l’armée qui avait suivi Napoléon Ier.
Joseph Moncousin, le frère aîné du précédent, né en 1778, entra au service de la France un mois avant son frère, dans le même régiment que son cadet : le 108ème Régiment d’Infanterie de Ligne.
Il y fera les même campagnes que son frère, traversant les mêmes horribles épreuves.
En 1813, il entre, lui aussi, au 1er Régiment de Chasseurs à Pied de la Garde Impériale de Napoléon Ier, pour y combattre pendant les campagnes de Saxe et de France.
Après avoir assisté aux adieux de Fontainebleau , il semble qu’il serait, lui aussi, parti avec le Bataillon de l’Île d’Elbe.
S’ensuit le retour, comme son frangin, au sein de la Garde Impériale, avec Waterloo, le licenciement de l’armée derrière la Loire en 1815, et la privation de sa pension militaire par le nouveau gouvernement de Louis XVIII.
Joseph Moncousin revint en Ardenne, dans les environs de Tenneville, où il s’s’établit comme assureur.
L’assureur Joseph Moncousin arpentait les rues avec sa canne-épée et n’hésitait pas à croiser le fer avec les détracteurs de son épopée napoléonienne.
J’ai eu le plaisir de rencontrer son descendant, qui était très enthousiaste de l’aventure que ses aïeux avait vécue, et qui pratique la reconstitution historique afin d’en avoir une meilleure idée encore.
Une question cependant me taraude : avec de tels CV, pourquoi ces deux frères Moncousin ne furent-ils jamais décorés ou promus ?
Ce ne peut être suite à leur manque d’instruction, puisque les décorations militaires permettaient de valoriser l’expérience des soldats dans cette situation, et que la Garde organisait des cours d’alphabétisation.
Ils devaient suffisamment maîtriser la chose militaire pour pouvoir recevoir le commandement d’une unité de combat dans la Ligne ou dans la Garde, comme cela arrivait à beaucoup de Gardes instruits quand Napoléon devait remplacer les officiers tués.
La seule raison que j’entrevois m’a été fournie par le descendant de l’un de ces deux messieurs : ils étaient des duellistes. Napoléon détestait les duellistes qui se tuaient entre eux pour des points d ‘honneur alors qu’ils devaient tuer les ennemis.
Comme ils n’ont, selon leurs dossiers militaires, jamais été punis, ni dégradés, ni emprisonnés, j’en déduis que leurs chefs, et l’Empereur lui-même, les estimaient beaucoup et préféraient les garder sous la main.
Là, ils pouvaient rendre de grands services, cela valait mieux que de les enfermer dans un cachot, où les frères Moncousin auraient dépéris.
D’ailleurs, pour la petite partie cocasse de l’histoire, personne n’a jamais vraiment su expliquer pourquoi Napoléon Ier, quand il voulait honorer les personnes qu’il appréciait, les appelait … “Mon Cousin”….
C’est peut-être une petite allusion à nos deux compères de Noviscourt, qui sait ?
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