Les armoiries de Virton, en province de Luxembourg, ont une très belle histoire, et une double origine, ce qui est encore mieux.
Le blason représente deux flèches croisées en diagonale, la pointe dirigée vers le bas, avec un empennage et des pointes d’argent, sur un fond de gueules.

Les deux flèches croisées sont un souvenir du siège de la ville par Robert III de La Marck, en 1521.
Ce duc de Bouillon, seigneur de Sedan, avait décidé de soutenir les prétentions du Roi de France François Ier contre celles de Charles Quint en Europe.

Afin de soutenir le Roi de France, ainsi que de s’enrichir et d’agrandir ses territoires dans la foulée, il vint faire le siège de la ville de Virton, en Gaume, dans le Sud de la province actuelle de Luxembourg.
La ville, comme c’était encore le cas à la Renaissance, était protégée par une ceinture de remparts, et appartenait au territoire des Pays-Bas Espagnols.

Robert installa donc ses archers, arbalétriers, fusiliers et ses canons de tous les côtés de la ville afin de la bombarder jusqu’à ce qu’elle se rende.
Pas de bol, Bébert, les Gaumais sont gentils mais il ne faut pas les agresser, et les habitants de ce qui allait devenir la province de Luxembourg avait déjà pour habitude de résister et de mordre.
Le 25 mars 1521, les habitants de Virton s’étaient retranchés dans leur ville, en voyant arriver la nombreuse artillerie et les milliers de soldats envoyés par Robert III de La Marck.
Celui-ci aligna ses gros canons, comme le gouvernement aligne ses menaçantes réformes, puis il commanda le feu.

Un ouragan de fer, de feu et d’explosifs tombe sur la ville, ouvrant de larges brèches dans les murs, déclenchant des incendies, ravageant les bâtiments… mais personne ne paraît sur les défenses, et aucun tir ne vient de la ville.

Robert se dit que ces Virtonais sont vraiment des nunuches et il lance de grosses colonnes bien compactes de nombreux fantassins vers les trous que ses canons ont percé dans les murs, afin de s’emparer de la ville.
Lorsque les premiers soldats de Robert III arrivent à quelques mètres des remparts, la fleur aux dents et l’arme à l’épaule, les Virtonais découvrent les gros canons que eux-mêmes ils avaient cachés, en faisant semblant de ne pas avoir vu Robert venir, et ils ouvrent un feu d’enfer sur les mecs qui les avaient pris pour des trouillards.

Le massacre fut tel que le peu de survivants de l’armée de Guillaume s’enfuit en courant et que les restant des troupes refusa de participer à une deuxième attaque.
Lâchement, les troupes de Robert III saccagèrent et incendièrent le village de Saint Mard, qui n’avait pas de fortifications, et ils en massacrèrent les habitants.
Lorsque le feu eut bien pris, Robert III y fit jeter les cadavres de ses hommes afin qu’ils ne servent pas de trophée aux Virtonais, et comme l’armée française en 40, il opéra un vif mouvement de retraite.
Il faut bien dire que Charles Quint, empereur d’Espagne, des Amériques et de Pays-Bas, avait entendu parler de la résistance des Virtonais et qu’il leur avait envoyé une armée de secours commandé par Henri III de Nassau, afin de les dégager.

On peut s’imaginer que la réponse des Virtonais à l’arrivée d’Henri III fut la même que celles des parachutistes de la 101ème Airborne à Bastogne quand la 3ème Armée américaine arriva pour les dégager : “Que venez vous faire ici ? On s’en sort très bien tous seuls ” 🙂
Henri de Nassau poursuivi les troupe de Robert III et il occupa le duché de Bouillon pendant que l’autre se réfugiait dans sa place-forte de Sedan… petit joueur va !

D’après la légende, qui comporte certainement plus qu’un fond de vérité, Charles Quint aurait accordé ce blason aux Virtonais afin de les féliciter pour leur résistance et de leur faire part de son admiration et de sa reconnaissance.
Ce n’était pas tous les jours qu’un empereur donnait un titre de noblesse à une petite ville d’une province éloignée.
En effet, tant que les Virtonais retenaient Robert III de La Marck autour de leur ville, l’autre ne pouvait pas poursuivre vers la place d’Arlon ou vers celle de Luxembourg, qui sont toutes deux des points-relais essentiels vers la capitale de l’empire autrichien, Vienne,et de grandes plaques commerciales européennes.
Cette attaque déclencha d’ailleurs la Sixième Guerre d’Italie, aussi appelée “la Guerre de Quatre Ans”, qui vit les Français et Venise combattre les austro-espagnols, l’Angleterre et le Pape pour la possession de la péninsule italienne.

Les deux flèches rappellent les tirs d’artillerie que les Virtonais ont essuyé sans broncher, et sont des symboles de courage et de loyauté en héraldique.
L’argent utilisé pour les pointes et les empennages, donc les petites plumes qui sont au bout, en rajoute une couche sur la notion de loyauté et de pureté.

Le fond de gueules, donc le rouge (ce n’est pas pour insister sur le fait que je ramène souvent la mienne, même si je le vis très bien), est une couleur royale, qui insiste encore plus sur le courage dans l’adversité et l’abnégation de soi-même pour les autres
Sur le drapeau de la ville de Virton, ces flèches sont symbolisées par une croix de Saint André jaune, donc blasonnée en or.
L’or, c’est le symbole de la force, de la pureté, de la constance, et de la foi.
Selon les franc-maçons, le “x” ainsi formé par les deux flèches symbolise la croix de Saint André, un motif royal pour la dynastie de Charles Quint, et une allusion à la stabilité et à l’équilibre dans l’édification de soi-même.

Ce symbole rappelle les pierres angulaires des voûtes gothiques, la concentration de toutes les forces au centre de l’ensemble, comme on en voit souvent dans les charpentes des maisons ou sur la façade des maisons à colombages dans notre région et en Alsace.

Comme la devise de notre si beau pays le dit : “L’union fait la force”.
C’est drôle, c’est aussi le symbole que la composante Marine de la Défense du Royaume de Belgique a choisi 🙂

Ces armoiries sont utilisées depuis 1602 et furent confirmées par Léopold Ier en 1839.
Le nom de Virton serait originaire du Latin, pour dire “Vir”, donc l”homme”, et “tonans”, “qui tonne”, comme un ouragan, comme le chantait Stéphanie de Monaco 🙂

Sachant que l’Homme Tonant des Romains était Jupiter, Maître de la Foudre, et que les flèches représentaient la foudre, les armoiries ont encore plus de symbolisme, puisque Jupiter était le roi des dieux romains.

Enfin, selon d’autre personnes, le nom de Virton provient des noms des deux rivières qui s’y croisent, la Vire et le Ton.


De toute façon, le premier nom recensé de Virton est Vertunum, en 1183, et je trouve que toutes ces origines se valent et se complètent très bien alors, pourquoi devrions-nous n’en chosir qu’une seule ?
Ce serait trop réducteur 🙂
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