Le Demi-Louis est une histoire méconnue mais fascinante de la province de Luxembourg.

Lorsque sa mère Pauline Félicité de Nesle met au monde un beau garçon en 1741, cela fait déjà deux ans qu’elle est la maîtresse de Louis XV, donc on peut penser que le Roi de France y est un peu pour quelque chose.
Afin de placer son enfant, sans le reconnaître officiellement comme le faisait Louis XIV, il marie sa maîtresse vite fait à Jean-Baptiste-Félix de Vintimille, marquis de Luc, en lui donnant une belle somme d’argent.


Le Marquis de Luc épouse la fille, l’enfant et l’argent, puis il change d’avis et clame que l’enfant est de Louis XV.

La mère du bébé décède des suites de son accouchement, et le Roi accueille son fils à Versailles, se le faisant apporter pour jouer secrètement avec lui de nombreuses fois, ce qui était rare pour un Roi de France.
L’enfant rejoint les terres de celui que le Roi a désigné comme son père quelques mois après sa naissance, bien que Charles-Emmanuel de Vintimille, comme le bébé a été baptisé, est connu sous le nom de “Demi-Louis” à la Cour, tant sa ressemblance avec son père était flagrante.
Charles de Vintimille, contrairement à de nombreux aristocrates et autres fils de ministres actuels, ne sera pas placé par son papounet à de hautes charges.

Charles Emmanuel de Vintimille fera carrière dans l’armée, en commençant à dix-sept ans dans le régiment de Bourbon-Cavalerie.

Grâce à son mérite, il deviendra gouverneur de Porquerolles et de Lingoustier en 1764.
Après cela, le Demi-Louis est nommé Colonel du régiment Royal-Corse.

En 1764, Charles-Emmanuel épouse Adélaïde Marie Marguerite de Castellane, fille du vicomte d’Esparron. Le couple aura trois enfants dont un seul aura une postérité.
Sa femme décède enceinte en 1770, et il ne se remariera pas.
En 1781, Charles de Vintimille devient Maréchal de Camp, l’équivalent actuel de “Général”, et Colonel-Propriétaire du Régiment de Vintimille, dans l’infanterie de l’armée royale française.

En 1790, Charles Emmanuel de Vintimille quitte la France devant les affres de la Révolution française, et rejoint d’autres nobles à Turin.
À la suite des exécutions de Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche, Charles rejoint l’armée autrichienne, tout en bas de l’échelle, et combat pour restaurer la Monarchie des Bourbons.
Lors de la bataille d’Arlon, en 1793, Charles Emmanuel est simple cavalier dans le régiment de Chevau-Légers de Kinski, qui combattit toute la journée du 9 juin 1793, lors de la première bataille d’Arlon.
Il se retrouve face à face avec son ancien régiment d’infanterie, le ci-devant Vintimille devenu 49ème Régiment d’Infanterie, passé au service de la Révolution.


Tous les officiers et les sous-officiers de son régiment autrichien étaient tombés, et les Français révolutionnaires avançaient de plus en plus sur la Route de Luxembourg, en menaçant de bloquer la retraite de l’armée autrichienne qui quittait Arlon pour se réfugier à Luxembourg.
Le Demi-Louis prit le commandement de ce qui restait de son unité et harcela tellement les troupes françaises que cela donna le temps aux Autrichiens d’aller se cacher à Mamer, tandis que les Révolutionnaires arrêtaient leur poursuite au niveau de Sterpenich.
Le régiment de cavalerie d’élite des Grenadiers à Cheval, qui combattit le Régiment des Chevau-légers de Kinski lors de la bataille d’Arlon, signale même la valeur de leur compatriote contre eux et dans les rangs ennemis…c’est dire si le Demi-Louis faisait preuve de bravoure et de valeur !

Pour que des Français signalent et complimentent un autre Français qui combattait contre eux, et au service d’un étranger qui plus est, Charles Emmanuel de Vintimille devait vraiment être exceptionnel.
Le Demi-Louis fut récompensé par les Autrichiens mais il refusa de recevoir un commandement supérieur et se contenta de la même médaille militaire que celle qui avait été attribuée à d’autres simples soldats après cette bataille.
Charles Emmanuel de Vintimille revint s’installer en France en 1800, et il mourut à Paris en 1814.
Si l’histoire vous intéresse, sachez que j’organise une reconstitution de cette bataille à Arlon les 6 et 7 septembre, avec des cavaliers, des fusils, des canons, un hôpital militaire, un défilé de mode des tenues de l’époque, deux batailles, un défilé, la présence des représentants de la république d’Autriche et, sans doute, celle d’un VIP surprise.
Le succès de la dernière édition, en 2023, fut tel que de nombreuses personnes m’ont écrit pour en demander une nouvelle édition, ce qui sera est donc prévu sur la Plaine des Manoeuvres d’Arlon les 6 et 7 septembre prochains.
Si vous venez, vous me verrez en live avec un uniforme de général autrichien 🙂
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