Commémorations à Bastogne

Déc 12, 2014 |  Bastogne

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Grand succès à Bastogne 40.000 personnes se sont mobilisées ce week-end pour rendre hommage aux vétérans !

Grand succès à Bastogne

40.000 personnes se sont mobilisées ce week-end pour rendre hommage aux vétérans !

 

Hommage, émotion, respect.

A Bastogne, tout au long de ce week-end, plus de 40.000 personnes ont participé aux commémorations du 70e anniversaire de la Bataille des Ardennes.

Ce dimanche a permis à de nombreux visiteurs de vivre des reconstitutions de combats dans les villages de Recogne et Cobru, puis d’assister à un défilé de véhicules militaires d’époque dans le centre de la ville. Un peu plus tôt dans cette journée consacrée à l’hommage aux civils, autorités et population se sont recueillies à l’Enclos des fusillés de Noville. Un monument dédié à la mémoire de huit habitants du village abattus par les Allemands en décembre 44.

Samedi, le temps fort de ce week-end mémoriel aura assurément été la visite du couple royal et d’une délégation américaine  pour la mise à l’honneur de 40 vétérans US présents à l’occasion de ces commémorations. Ces hommes revenus sur les terres ardennaises qu’ils ont aidé à libérer ont été félicités, applaudis mais aussi, fleuris par des enfants de Bastogne.  Un grand moment d’émotion !

Samedi encore, durant la soirée, 12 000 personnes se sont rassemblées au pied du Mardasson pour admirer les projections des tableaux thématiques et historiques retraçant les grands moments-clés de la Seconde Guerre mondiale et de la Bataille des Ardennes. Le spectacle met également  en avant l’implication de soldats texans « Aggies go to war ».

Une exposition exceptionnelle leur est d’ailleurs consacrée à Bastogne. « From Texas to Bastogne – Texas Aggies Go to War ». Inaugurée vendredi, elle retrace le parcours de cinq étudiants de l’Université Texas A&M ayant participé à la Bataille des Ardennes durant l’hiver 44 à travers une scénographie dynamique composée de témoignages, d’extraits de films et de documents d’archives.

En marge de ces moments forts des commémorations, de nombreuses activités comme la marche du périmètre, le salon du livre de guerre, le Bastogne Barracks ont aussi contribué à faire de ce week-end un véritable succès.

Ce 70e anniversaire de la Bataille des Ardennes a assurément atteint son objectif de saluer ces hommes, femmes, soldats, résistants, civils qui par leur courage et leur sacrifice ont contribués à ce que nous puissions vivre en paix depuis 70 ans, tant en Belgique qu’aux Etats-Unis.

La Ville de Bastogne tient à remercier l’Ambassade des Etats-Unis,  les services communaux, la Police, les pompiers, la Base Bastogne, le Syndicat d’Initiative, l’A.C.A.I.B., l’asbl Ardennes Memories, la Maison Croisy, le Bastogne War Museum, Tempora & Luc PETIT création ainsi que toutes les associations qui ont contribué à la réussite de cet événement d’exception.

Merci également à tous les citoyens qui se sont mobilisés à l’occasion de ce week-end riche en émotions. 

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commémorations et inaugurations à Noville 
reconstitution à Cobru

 

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 Photos de  Frederic Moïs

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Discours de Benoît LUTGEN, Député-Bourgmestre de Bastogne, à l’occasion de la cérémonie officielle des Commémorations du 70ème anniversaire de la Bataille des Ardennes

 

 

 

 

 

Sire, Majesté,

 

Monsieur le Secrétaire d’Etat représentant du Président Barack Obama,

 

Monsieur le Premier Ministre,

 

Excellences,

 

Chers amis vétérans,

 

Mesdames, Messieurs, en vos titres, grades et qualités,

 

 

 

Sire, Majesté, je voudrais d’abord vous remercier chaleureusement d’être présents ici à Bastogne en cette période de peine pour votre famille et pour notre pays.

 

 

My first words are for the veterans. Our appreciation is everlasting. Today the children of Bastogne would like to express it by offering you our city’s medal and a flower symbolizing our gratitude.

 

 

Chers amis,

 

 

Il y a septante ans, le 13 décembre 1944, tout paraissait calme dans nos Ardennes. La fin de la guerre se dessinait.

 

 

In the area of Bastogne, families were about to celebrate the first free Christmas in five years.

 

 

Their hopes were dashed.

 

Cet espoir fut brisé.

 

 

Ce jour de Noël 44, ces familles l’ont passé dans les caves, dans les abris de fortune où elles tentaient de se protéger des tirs d’artilleries, des bombardements, des combats acharnés que se livraient des Allemands revanchards et des Américains, surpris mais tenaces.

 

 

La guerre était revenue. Plus intense, plus meurtrière que jamais.

 

 

Le 16 décembre 1944 à l’aube, la Wehrmacht, motivée par l’énergie du désespoir, lançait sa dernière offensive d’envergure.

 

 

L’impensable se produisait. La Bataille des Ardennes commençait. Elle durera un mois.

 

 

Vingt mille Américains y ont laissé leur vie, soit le plus grand nombre de soldats américains tués lors d’une seule bataille.

 

 

What the American Army accomplished was heroic.

 

 

Plusieurs de ces héros sont ici, parmi nous. Ils sont témoins d’un enfer qui les aura meurtris à vie. Dans leur chair. Ici, ils sont donc chez eux. Bastogne est, avec Bruxelles, la ville belge la plus connue aux Etats-Unis. Bastogne est la ville la plus américaine d’Europe. Un morceau d’Amérique. Un fort de bravoure et de souffrance. Le symbole d’une résistance vaillante et pour finir, victorieuse.

 

It is especially they I want to address today.

 

 

***

 

 

 

Chers amis vétérans,

 

 

Je devine l’intensité de votre émotion. A travers vos mots. A travers votre regard. Au fil des années qui ont suivi la guerre, vous êtes venus vous recueillir sur les lieux des combats où tant de vies se sont fracassées. Vous avez noué des liens indéfectibles d’amitié, d’estime et d’affection avec les habitants de notre région.

 

 

Dear veterans,

 

I salute you, fraternally, with the highest respect. Our gratitude towards you is intact: the inhabitants of Bastogne, Belgians and Europeans know that it is thanks to your sacrifice that they were able to regain freedom. The whole world knows it.

 

 

Thank you. For ever !

 

 

Personne dans cette salle, hormis peut-être ceux qui ont connu d’autres guerres plus récentes, ne peut imaginer ce que vous avez enduré : le froid polaire, la peur, l’isolement, les corps à corps furieux, sur des terres hostiles, brumeuses, inondées par une pluie glaçante puis recouvertes de neige.

 

 

Vous aviez 20 ans. On dit que c’est le plus bel âge de la vie. Mais pour vous ce fut l’âge de la survie. Quels projets pouviez-vous encore nourrir lorsque les vies autour de vous partaient en lambeaux ?

 

 

One of your comrades told me recently that each survivor had lost at least a brother in arms and that this memory would haunt them till the rest of their own lives.

 

 

Vous avez parfois douté. Vos chefs aussi. « Nuts », répondit le général McAuliffe à l’émissaire allemand qui sommait les Américains cernés à Bastogne de se rendre. Mais le refus de renoncer n’est pas la certitude de réussir. Pendant l’offensive, le général Patton se demanda si le Seigneur ne l’avait pas abandonné. « Aujourd’hui encore, écrivit-il dans une prière, j’ai visité plusieurs hôpitaux pleins de gens gelés tandis que des blessés restent étendus sur les champs, parce qu’on ne peut pas les ramener pour donner des soins ».

 

 

Bastogne will never forget your sacrifice.

 

 

La Belgique n’oubliera jamais ce qu’elle doit aux Etats-Unis.

 

 

***

 

 

Entre votre pays et ma ville, l’histoire aurait pu se figer, se réduire à des souvenirs effilochés par le temps.

 

 

Tributes, though indispensable, are insufficient to render the feelings that bind us. The beautiful and long story that you and us, that Bastogne and America, have written, we continue to write it. We open new chapters.

 

 

Un vétéran revenu à Bastogne voici quelques mois n’a pu retenir ses larmes en revoyant les lieux qu’il a connus il y a 70 ans. C’était la première fois qu’il les retrouvait. « J’ai connu le pire ici, me disait-il, la mort autour de moi, les corps gelés, les maisons en ruines, et je découvre aujourd’hui une ville riante, avec des enfants, avec toute cette activité. J’ai connu le pire, mais aujourd’hui, c’est, avec mon mariage, le plus beau jour de ma vie ».

 

 

Loin de se réduire avec le temps, ces liens se sont renforcés grâce aux rencontres régulières.

 

 

Ils ont la force, l’enracinement et la durée des chênes, ces arbres que des enfants des écoles communales de deux de nos villages, Foy et Mageret, ont plantés dans le bois de la Paix, inauguré il y a 20 ans, près du village de Bizory. Quatre mille arbres portent le nom d’un vétéran américain de la Bataille des Ardennes.

 

 

Ces liens se développent. Créé en mars 2014, le « Bastogne War Museum », présente et explique la Bataille des Ardennes, dans toutes ses réalités, de manière à la fois pédagogique, stratégique et surtout humaine.

 

 

Des relations économiques ont été établies, en particulier avec le Texas dont une des Universités, A&M, propose, pendant deux ans, une exposition consacrée à cinq de ses anciens qui ont participé à la Bataille des Ardennes.

 

 

Nous allons organiser des échanges d’étudiants. En un mot, nous forgeons des partenariats pour l’avenir.

 

 

***

 

 

Chers amis,

 

Dans les villages proches, ces villages martyrs, pris, repris, re-repris, la population terrée a aussi payé un lourd tribut à cette guerre brutale. Plus de 2500 civils ont péri pendant la bataille des Ardennes.

 

 

Dear friends,

 

Not a single family in our area has not lost a neighbour, a friend, a father, an uncle, a grandfather during that cursed winter.

 

 

Les douleurs sont restées longtemps enfouies, trop vives, trop intimes pour être pleinement exprimées. Même secrètes, elles ont imprégné l’éducation des jeunes générations. La Bataille des Ardennes est ancrée dans nos mémoires.

 

 

Demain, dimanche, nous rendrons hommage aux civils et aux combattants belges et alliés. Nous inaugurerons également un monument à la mémoire du Général Desobry. Il est situé à Noville où, comme dans d’autres villages des Ardennes, à Bande notamment, des hommes ont été rassemblés puis abattus par des SS.

 

 

It is only fair to pay them the tribute they deserve.

 

 

J’associe toutes celles et tous ceux qui vous ont prêté main forte aux combattants, comme ces deux infirmières de Bastogne, Renée Lemaire et Augusta Chiwi, exemples de l’héroïsme au quotidien.

 

 

Chers amis, vous avez partagé, avec les civils, la dureté impitoyable des combats, l’aveuglement des représailles, la sauvagerie des exactions. Vous comprenez, j’en suis sûr, combien il a pu être difficile pour celles et ceux qui ont pleuré un parent ou un ami de faire la part des choses. Pour accepter que tous les Allemands n’étaient pas aussi cruels et fanatisés que les divisions SS ou que leurs sinistres collaborateurs, belges, suisses et français, qui accomplissaient leur lâche besogne en marge de l’armée régulière.

 

Time allows us to think things over, to open the drawer that personal suffering had locked. Together with the goodwill of man, it has paved the way to reconciliation.

 

 

Pour les avoir vus tomber, vous avez su que sous les uniformes allemands, il y avait de très jeunes gens. Dans sa folie, Hitler, pour reculer l’échéance d’une défaite devenue inéluctable, avait été jusqu’à enrôler des gamins. Ils avaient les mêmes peurs que vous, laissaient, comme vous, des proches anxieux, et comme vous, devaient reporter leurs rêves, s’ils en avaient encore.  

 

 

Sur le tableau de l’école de Champs, non loin d’ici, un officier allemand a écrit ces mots.

 

 

« Que jamais le monde ne vive semblable nuit de Noël ! Mourir par les armes, loin de ses enfants, de son épouse et de sa mère, il n’y a pas de plus grande cruauté. Ravir un fils à sa mère, un mari à son épouse, un père à ses enfants, est-ce digne d’un être humain ? La vie ne peut être donnée et acceptée que pour s’aimer et se respecter».

 

 

Comment ne pas partager la teneur de ces propos qui ont la valeur d’un témoignage universel ?

 

 

Opening the drawer as a person of goodwill who wants to understand things doesn’t mean mixing everything up, softening things in some sort of criminal and dangerous equivalence.

 

 

You came to Europe, risking your own lives, to defend democracy and freedom of speech against dictatorship, against extremism.

 

 

La victoire nous a rendu la démocratie. Elle est loin d’être partagée par toutes les nations du monde. D’autres dictatures ont noirci l’Histoire. D’autres formes d’extrémisme prospèrent.

 

 

Et même dans nos pays libérés, comme d’ailleurs dans le vôtre, si nous sommes en paix depuis septante ans, maintenir les droits démocratiques, garantir le respect de chaque être humain, demeure un combat permanent. Ici, chez vous, partout.

 

 

The best tribute we could pay to you, to the victims, to all the victims of the Second World War, would be to fight each day, with all our strength, where we are, against ideologies based on the rejection of the others.

 

 

***

 

 

Dear veterans,

 

The fight that brought you here, you fought it thinking of future generations, so that they wouldn’t experience it again.

 

 

Vous avez remporté la victoire. Celle de la démocratie. Cette victoire est-elle définitive ? Pas totalement. A la mémoire que nous perpétuons doit se joindre la vigilance.

 

 

La crise économique et sociale que nous traversons exacerbe les tensions, nourrit des peurs et la tentation du repli. Le sens de l’accueil s’érode, comme cette générosité que votre génération, après la guerre, a si bien appliquée envers les réfugiés de toutes nationalités. Ce mauvais terreau favorise l’éclosion de mouvements aux relents xénophobes.

 

 

Les extrémismes en Europe, sont de plus en plus décomplexés, sûrs d’eux. Ils ont pignon sur rue, flirtent avec le pouvoir quand ils ne l’occupent pas.

 

 

No country is immune to this risk.

 

 

Rien ne doit venir affaiblir la résistance, ramollir les consciences, face à un adversaire rusé, capable de masquer sa nature sous un vernis de respectabilité.

 

 

What was unacceptable yesterday would thus become acceptable today.

 

 

Aujourd’hui, plus que jamais, notre devoir est de refuser la banalisation.

 

 

Dear veterans,

 

By donning the uniform seventy years ago, you have achieved more than fulfilling your duty as soldiers. You have committed to restoring freedom where it no longer existed.

 

 

Our duty is to continue your commitment. With the same resolve.

 

 

Ce rendez-vous avec la démocratie, nous ne le prenons pas seulement pour nous. Comme vous, nous le prenons pour les générations futures.

 

 

Pour que votre combat, pour que le sacrifice de celles et tous ceux qui sont morts au nom de la démocratie et de la liberté, ne soit pas vain.

 

 

Once again, thank you. Thank you from the bottom of my heart. You are heroes, models, a reference.

 

 

Merci aux représentants officiels de votre pays et de toutes les  autres nations. Ils vous honorent, ils nous honorent de leur présence.

 

 

I would like to thank the official representatives of your country and the others nations who honour you, who honour us, with their presence.

 

 

And through you, thanks to the American people.

 

 

 

Benoît LUTGEN

 

 

 

 

 

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