ELVIS DE BAZ LUHRMANN
Quarante-six ans après la mort du King Elvis Presley, le Festival de Cannes a présenté en avant-première le film de Baz Luhrmann « Elvis » avec Austin Butler dans le rôle-titre et Tom Hanks dans celui du colonel Parker. Tout cela donne une œuvre très rock’n’roll de 2h40 dont on ne se lasse pas. Thibaut Demeyer & Brigitte Demeyer-Lepage.
Le Festival de Cannes nous l’avait annoncé bien avant la conférence de presse officielle que nous aurions droit à deux évènements d’envergure : « Top Gun : Maverick » et « Elvis ». Le premier en début de festival et le second pas plus tard que ce jeudi matin pour la presse. Inutile de préciser que les billets sont partis comme des petits pains malgré les 2h40 imposées en fin de festival.
Au commande de ce biopic, qui lorgne largement sur le don d’entourloupe du colonel Parker, c’est le réalisateur australien Baz Luhrmann, bien connu sur la French Riviera pour avoir présenté en 2001 et en ouverture « Moulin Rouge » avec Nicole Kidman et en 2013 « Gadsby le magnifique » avec Leonardo Di Caprio. Un réalisateur doté d’une capacité de mise en scène impressionnante et il le confirme avec « Elvis » où, dès les premières minutes, on est captivé avec ses plans rapides, ses écrans splittés, un montage proche des clips vidéos et des bandes annonces, la musique qui nous en met plein les oreilles, une caméra virevoltante et des plans dont plus d’un réalisateur rêverait de pouvoir faire. « Elvis » est une merveille de mise en scène. Mais cela ne suffit pas pour obtenir un beau film. Alors, il a ajouté une histoire intéressante, palpitante par moment et surtout sortant de l’ordinaire par rapport à un biopic. Certes, il retrace en quelques minutes l’enfance et la jeunesse compliquée d’Elvis avec un père qui a fait un petit tour en prison pour avoir signé un chèque en bois, mais très vite, l’histoire va se concentrer sur les rapports entre le Colonel Parker et Elvis, meilleur chanteur que négociateur. C’est alors que l’on va mieux cerner le personnage Parker qui accuse « l’amour » d’être le responsable de la mort du King à 42 ans. A travers cette accusation, il s’adresse au public d’Elvis à qui il se donnait corps et âme. Mais ce que le colonel Parker oublie, c’est que le King montait souvent sur scène sous pression ou obligation et que le docteur Nick faisait des miracles mais à quel prix ? Faut-il d’ailleurs poser la question ?
Une excellente mise en scène, un scénario des plus intéressants. Il ne reste plus que la distribution. Et c’est Austin Butler qui hérite du rôle-titre. Un rôle qu’il a travaillé pendant deux ans afin de connaître au mieux son idole et surtout reproduire son jeu de jambe. A l’arrivée, le travail a payé. Sans avoir cherché à être son sosie au point de nous déstabiliser, Austin Butler a réussi à nous faire oublier le King. A l’écran c’est lui. D’ailleurs, après la vision du film, Priscilla Presley a déclaré : « Si Elvis était encore là, il aurait dit que c’est lui. » On ne peut pas rêver mieux comme compliment, qui n’est pas flatteur mais bien réel. Avec ce film, il y a de grandes chances qu’Austin Butler décroche en février prochain l’Oscar du meilleur acteur au même titre de Rami Malek l’avait obtenu pour son interprétation de Freddie Mercury.
Face au King, forcément, il y a le colonel Parker alias Tom Hanks dont le talent d’ambiguïté, tel que demandé par son personnage, est d’une telle crédibilité que l’on a l’impression que c’est le colonel himself. Certes, il n’y a pas de ressemblance physique au point à confondre les deux hommes, mais la crédibilité que donne Tom Hanks à son personnage est bouleversante. Il n’y a pas à dire mais « Elvis » est une véritable réussite, que vous soyez ou pas fan du King qui, peu avant de mourir avait déclaré : « quand je serai mort, le monde m’aura oublié. Je n’ai pas laissé d’empreinte sur terre, ni de grands films dont j’aurais pu être fier. » Aujourd’hui encore, Elvis est le seul chanteur solo à détenir le record du nombre de disques vendus. Et ce film, 46 ans après sa disparition, est bien la preuve que le King n’est pas oublié et que d’une certaine manière, il n’est pas mort.
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